L’association Innov’Acteurs a publié un livre blanc sur L’innovation Participative à l’horizon de la prochaine décennie. Le but de cette publication ? Faire le point sur les dernières tendances de l’innovation participative et les conditions incontournables de sa réussite et de sa longévité. Muriel Garcia, présidente d’Innov’Acteurs, répond à nos 5 questions.

1/ Ce livre blanc a été publié pendant une crise qui révèle la force du collectif. Un peu partout, on voit naître des démarches d’innovation participative. Pensez-vous que ces initiatives vont perdurer dans l’après ?

Oui, je suis très confiante et pour plusieurs raisons. Tout d’abord l’innovation participative est une vieille dame centenaire en pleine forme. Au fil des ans, la démarche s’étoffe en usages, en méthodes et en agilité. De plus, l’usage du numérique a boosté son essor depuis quelques années. Notamment en vulgarisant les plateformes collaboratives, dont on voit aujourd’hui, en situation de confinement, le rôle en matière d’entraide et de solidarité, d’efficacité collective et de maintien du lien social.

Accessible, simple, performante et adaptée aux enjeux de collaboration active dans et en dehors des organisations, l’innovation participative a encore de beaux jours devant elle, sous réserve de quelques précautions d’usage :

  • Pas d’innovation participative sans action de reconnaissance associée.
  • Vous ne pouvez pas solliciter la production d’idées sans règles du jeu définies préalablement et respectées dans la mise en œuvre. Je fais allusion ici au « sans suite et sans fin« , c’est-à-dire à la sollicitation permanente et infinie, sans retour sur la suite donnée, et pouvant aller, en dérive totale, jusqu’à une forme de pillage des idées avec une appropriation abusive de la paternité, corrélée à une absence de reconnaissance.

En plus positif, nous constatons  un vrai besoin d’innovation sociétale. Un besoin de contribution active en toute autonomie et responsabilité.

2/ Où se situent l’engagement, le bien-être et la performance économique dans tout cela ? Et comment expliquez-vous qu’il y ait encore des résistances à l’intrapreneuriat en entreprise ?

Plusieurs notions sont ici évoquées :

  • L’engagement, soit la capacité de se dépasser, d’aller au-delà de ce qui est demandé parce qu’on y croit, que la motivation est au rendez-vous. Mais aussi, parce que la question ne se pose pas de l’utilité ni du temps passé. Le phénomène de solidarité spontanée que nous observons en ce moment est, de ce point de vue, très révélateur et encourageant.
  • Le bien-être, vaste sujet qui évoque à la fois les conditions matérielles et la qualité des relations interpersonnelles au sein des équipes, entre le managé et le manager. Autre prérequis, et non des moindres : le dispositif de reconnaissance et de valorisation des compétences – acquises et développées dans la durée, et avec l’obligation d’authenticité. L’authenticité renvoie aux valeurs de l’organisation, valeurs vivantes, incarnées et partagées !
  • La performance économique : la notion de performance reste complexe à cerner. Pour ma part, je parle de performance socio-économique, partant du postulat que la performance sociale entraîne la performance économique. Dit autrement, l’injonction de performance économique de type « plus avec moins » n’est pas forcément la plus mobilisatrice… A contrario de celle qui fédère les équipes, favorise la prise d’initiatives vers la cible à atteindre, et renforce la fierté d’appartenance !

Au-delà de prédispositions individuelles, la culture d’intrapreneuriat ne se décrète pas. Elle s’orchestre en créant les conditions favorables. Cela renvoie au permis d’oser, au droit de se tromper et celui de recommencer ! La culture et l’histoire de l’organisme jouent également un rôle, ainsi que le style de management. Et là aussi, c’est un sujet à controverse tant les pratiques managériales posent encore questions !

En fait c’est tout un écosystème de l’innovation, et les pratiques à l’intérieur de cet écosystème, qui font naître ou qui tuent l’intrapreneuriat !

3/ Ce livre blanc est un éloge de la bienveillance, soft skill essentiel pour l’innovation participative. Pensez-vous que la bienveillance peut être imposée ?

Non, la bienveillance de s’impose pas. J’ai la naïveté de croire à son expression naturelle, expression contrariée dans un univers hostile. La période que nous vivons repositionne avec fermeté l’humain au cœur de l’action, le don et la générosité pour le bien commun. Charge à nous de faire vivre cette nouvelle ère dans la durée. Les soft skills étaient annoncées comme les compétences utiles à l’horizon 2030. Elles s’imposent aujourd’hui de manière fracassante dans notre société confrontée au COVID19. Il suffit d’observer les belles initiatives participatives actuelles, dans et en dehors de nos organisations, pour avoir confiance en l’avenir !

4/ Parmi les tendances de l’innovation participative : la gamification pour engager, vous y croyez ?

J’y crois parce que le ludique et le jeu créent de l’enthousiasme et de l’intelligence collective. Ils favorisent la fluidité mentale, le plaisir de progresser et de gagner ensemble. C’est un des moyens pédagogiques qui favorisent l’apprentissage et la connaissance !

5/ Quel conseil donnez-vous à ceux qui veulent mettre en place une logique d’innovation participative ?

Plus qu’une logique, je préfère une démarche conduite en mode projet avec des acteurs clés, des outils, de la méthode, de l’utilité (sens donné) et un dispositif de reconnaissance en phase avec les us et coutume de l’organisation concernée.

Innov’acteurs dispose d’un outil magique qui s’appelle le référentiel de l’innovation participative©. Nous sommes une belle communauté de praticiens, qui partage ses pratiques et qui valorise les réussites. Nous aurons plaisir à vous faire profiter de nos expériences et des tendances de l’innovation participative.

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