Patrice Caine, PDG du groupe Thalès, a récemment écrit un article pour le site Arabian Business, expliquant les bénéfices de la relation start-up – entreprises. Très inspirant, cet article rappelle que la compétitivité des grandes entreprises dépend de leur capacité d’innovation. Or les start-up ont un rôle à jouer dans ce processus d’innovation : innovation et start-up sont même étroitement liées ! D’abord parce que leurs méthodes doivent inspirer les entreprises. Mais aussi, parce qu’elles sont en mesure de leur apporter directement la capacité d’innovation dont elles ont besoin.

Retour sur ce témoignage :

« Pour les grandes entreprises, l’innovation est synonyme d’humilité. Certes, vous avez peut-être la capacité d’investir massivement en Recherche & Développement et d’embaucher les meilleurs ingénieurs de votre secteurs. Chez Thalès, 25 000 personnes travaillent pour la R&D, et nous savons à quel point il est essentiel d’être à la pointe de la technologie. Mais ce n’est pas assez, et ce pour une raison statistique très simple. Il y aura toujours plus de personnes avec des idées nouvelles en dehors de votre entreprise qu’à l’intérieur. Et l’idée selon laquelle les start-up ne sont pas capables de pénétrer des secteurs tels que la défense, la sécurité, les transports ou l’industrie aérospatiale est tout simplement fausse. Tous les jours, nous voyons émerger des petites entreprises avec des idées innovantes. Nous l’avons vu récemment avec des exemples dans le domaine de l’imagerie satellite. »

Patrice Caine poursuit sa réflexion : les grandes entreprises peuvent d’inspirer des méthodes de travail des start-up

« D’abord, les grandes entreprises doivent s’inspirer et apprendre de leur adaptabilité et de leur culture du « test and learn ». Les start-up sont moins rigides, et capables de prendre des décisions en un claquement de doigts. Elles sont plus aptes à capter les opportunités que les grandes entreprises laissent passer à cause de leurs circuits de validation lourds et contraignants.

Plutôt que de transformer entièrement leur manière de travailler, les entreprises peuvent développer des projets d’intrapreneuriat. Ceux-ci auront une certaine liberté vis-à-vis des process hiérarchiques internes. Ces start-up internes peuvent par exemple travailler sur la transformation digitale de l’entreprise, au travers de programmes spécifiques ou de projets de formations internes. C’est l’esprit de la Thales Digital Factory.

Apprendre de la flexibilité des start-up, c’est aussi s’inspirer de leur culture de la « beta ». Plutôt que de passer du temps à développer le produit parfait, il s’agit de sortir rapidement un version brute. Celle-ci pourra être améliorée dans le temps, grâce aux retours d’expérience clients. Un exemple pertinent de ce phénomène est Google maps (alors que l’on peut difficilement qualifier Google de start-up). La première version était une simple carte, à laquelle ont été progressivement ajoutées des informations telles que le trafic, les magasins, les restaurants, les avis, etc. Cette évolution témoigne d’un changement global de culture, avec de plus en plus de tests, d’expérimentations et d’intelligence collective. »

Innovation et start-up : une collaboration directe avec les grands groupes ?

« La phase d’identification des bonnes start-up est plus compliquée qu’il n’y parait. 300 000 start-up sont créées dans le monde chaque jour. Comment trouver les 10, 100, 1000 start-up qui peuvent vraiment apporter quelque chose à votre industrie ? C’est aux entreprises de trouver les pépites où qu’elles soient, et de lancer des partenariats innovants avec elles.

Tel est l’objectif de projets tels que Starbust, un accélérateur de start-up dédié aux secteurs de l’aérospatial et de la défense. Nous menons également un programme autour de la cybersécurité à Station F, où nous coachons 11 start-up avec attention.

Le succès de ce type de partenariats montre à quel point ils sont utiles pour les deux parties. Le bénéfice est évident pour les grandes entreprises, qui restent à jour sur les dernières évolutions du marché. Il l’est tout autant pour les start-up. Celles-ci peuvent tester leurs technologies, être guidées par des professionnels et gagner en crédibilité sur leur marché. Nous faisons d’ailleurs en sorte que toute start-up de Station F qui travaille sur la cybersécurité ait à disposition une équipe d’experts pour l’aider à développer sa technologie. »

Innovation et start-up : conclusion

Bref, le cas Thalès montre comme la relation start-up – entreprises est source d’innovation. En échangeant agilité contre expertise, start-up et grandes entreprises avancent ensemble. La transformation des grands groupes passe par un rapprochement avec un écosystème de start-up. Ensemble, innovation et start-up constituent l’avenir des grandes entreprises.

Comment le CIF stimule l'innovation participative