Longtemps perçue comme une contrainte ou un simple exercice de communication, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) s’impose aujourd’hui comme un véritable levier de performance RSE et de pérennité. Intégrer une démarche RSE ne se limite plus à répondre aux attentes réglementaires : c’est aussi un puissant moteur d’innovation, de différenciation et d’engagement des parties prenantes.
Mais comment transformer la RSE en un atout stratégique pour la performance RSE de l’entreprise ? Quels sont les leviers concrets pour en faire un facteur de croissance durable ? Pour répondre à ces questions, nous avons échangé avec Guenael Lacroix, experte en RSE et fondatrice du cabinet de conseil Apresnous. Forte d’une expérience dans la grande distribution en tant que responsable environnement, Guenael accompagne aujourd’hui les TPE et PME dans l’appropriation proactive de la RSE, avec une approche pragmatique et engageante.
1- Comment engager efficacement les collaborateurs dans la transition environnementale pour en faire des acteurs clés de la performance RSE ?
Les entreprises doivent avant tout se donner la permission d’exprimer leur engagement. Souvent, dans les petites structures, le dirigeant joue un rôle clé. Ainsi, il ne doit pas avoir peur d’afficher ses convictions et sa passion pour les sujets RSE. L’engagement du leader est un moteur puissant pour entraîner l’ensemble des collaborateurs.
De plus, la transition environnementale touche tout le monde dans son quotidien. C’est un sujet accessible qui peut facilement s’inviter dans les conversations informelles, autour d’une machine à café par exemple. Plus le dirigeant incarne sincèrement cette démarche au quotidien, plus il mobilise son équipe.
Ce qu’il faut avant tout, c’est connaître ses parties prenantes. Lorsqu’on fait de la prospection, on cherche à comprendre les attentes, les besoins et les points de douleur de ses clients. En RSE, c’est exactement la même logique. Oui, les parties prenantes ont des attentes, mais lesquelles ? Il est donc essentiel d’échanger avec elles pour comprendre réellement ce qu’elles attendent et aligner la performance RSE avec leurs besoins. Sinon, l’entreprise met en place des actions, qui peuvent être très intéressantes et qui répondent à ses convictions, ses valeurs, mais qui ne résonnent pas forcément auprès des parties prenantes.
Il faut donc capitaliser sur toute cette connaissance afin de prioriser les actions qui répondent directement à leurs besoins et pouvoir maintenir un engagement à long terme. Cela permet d’obtenir des « quick wins » et de prouver rapidement la valeur ajoutée de la démarche.

2- Comment transformer les idées et initiatives des collaborateurs en projets concrets qui renforcent la compétitivité de l’entreprise et la performance RSE ?
Il y a deux dimensions essentielles : bien connaître son entreprise et bien comprendre la chaîne de valeur.
Par exemple, l’un des grands atouts de la CSRD est qu’elle oblige les entreprises à analyser en profondeur leurs impacts, qu’ils soient positifs ou négatifs. Cette cartographie permet une prise de hauteur essentielle et permet d’identifier des opportunités concrètes d’amélioration et de transformation.
Pour les points positifs, il est crucial de les valoriser et de les renforcer car ils constituent un avantage concurrentiel. Concernant les points négatifs mis en lumière, ce sont potentiellement ceux relevés par les parties prenantes. En s’attaquant, donc, à ces problématiques, on apporte des solutions pertinentes tout en répondant aux attentes des parties prenantes.
En croisant ces deux éléments – les attentes des parties prenantes et la réalité de l’entreprise – on peut structurer des projets RSE concrets, à fort impact, qui soutiennent directement la performance RSE.
Donc, analyser son fonctionnement interne, sa performance RSE permet de mieux comprendre ses forces différenciantes et d’identifier les éléments qui permettent de se démarquer de la concurrence. Aujourd’hui, une entreprise ne peut plus se contenter de faire simplement du chiffre d’affaires. Elle doit aussi cultiver son capital humain et son capital nature. Autrement dit, une entreprise qui génère du profit sans se soucier de ses collaborateurs ou de l’environnement prend un risque majeur. A long terme : elle pourrait perdre ses talents, ses clients et ses ressources clés. La CSRD a ça de magique ! Elle permet d’anticiper ces risques et d’adopter une vision stratégique plus globale.
3- Quels sont vos conseils pour maintenir un engagement à long terme ?
L’engagement RSE doit être source d’envie et de motivation. Il ne faut pas que cela devienne une contrainte, mais plutôt une dynamique qui donne du sens au travail des collaborateurs. La gamification est un excellent levier pour maintenir l’implication et éviter que l’enthousiasme ne retombe.
Un risque fréquent est l’effet ‘soufflé’ : on organise une conférence inspirante ou une fresque du climat, mais sans suivi concret, l’énergie générée s’éteint rapidement. Il est donc crucial de capitaliser sur cet élan en mettant en place des actions concrètes et durables.
Une des meilleures stratégies consiste à identifier deux ou trois ambassadeurs en interne, des personnes motivées qui vont insuffler la dynamique et entretenir l’engagement collectif. Il ne faut pas chercher à convaincre tout le monde dès le départ : le changement prend du temps et bouscule les habitudes. Mais avec un accompagnement régulier, ces nouvelles pratiques finissent par s’ancrer naturellement dans le quotidien de l’entreprise.

4- Que pensez-vous des plateformes d’intelligence collective au service de l’animation d’une démarche RSE ?
Les plateformes d’intelligence collective sont des outils très intéressants pour structurer une démarche RSE. Elles permettent de centraliser les idées, d’organiser la réflexion collective et d’accélérer la mise en action.
Il faut garder en tête qu’un outil seul ne fait pas tout. L’intelligence collective ne fonctionne que si elle est activement animée et exploitée. Une plateforme doit être un réel support qui facilite l’engagement et non une simple base de données d’idées laissées à l’abandon. Il est primordial d’utiliser toute la connaissance engendrée sur ces plateformes pour transformer les échanges en actions concrètes et mesurables.
5- Comment intégrer durablement la RSE tout en obtenant des résultats concrets ?
La RSE est souvent perçue comme une démarche à moyen ou long terme, mais elle peut également générer des résultats tangibles à court terme. Cela dit, pour que ces résultats à court terme soient vraiment efficaces, ils doivent s’alimenter d’une vision à long terme. La RSE ne doit pas être une simple initiative ponctuelle, mais plutôt un levier durable, ancré dans l’ADN de l’entreprise.
Mais pour cela, l’enjeu majeur est de faire le lien entre ces actions sur le terrain et une vision stratégique RSE bien définie. De nombreuses entreprises ont déjà mis en place des bonnes pratiques RSE, mais sans forcément les formaliser ou les relier à une stratégie globale. Il ne suffit pas d’appliquer une simple liste de bonnes pratiques ; il faut construire une approche sur-mesure, qui prenne en compte les impacts réels et spécifiques à chaque entreprise et embarquer l’ensemble des parties prenantes.
C’est là qu’intervient la pédagogie, qui joue un rôle fondamental pour permettre à toutes les parties prenantes de comprendre ce qu’est réellement la RSE, pourquoi elle est importante et comment elle se traduit concrètement dans l’organisation. L’acculturation à la RSE est cruciale pour que tous les membres de l’entreprise aillent dans la même direction. Si tout le monde n’est pas aligné, il est difficile d’obtenir un véritable changement. La stratégie RSE ne doit pas être simplement l’initiative d’une ou deux personnes, mais bien une démarche collective, portée par l’ensemble des collaborateurs.
Pour réussir à générer un véritable engagement des collaborateurs dans une démarche RSE et maximiser la performance RSE, découvrez notre guide pratique qui vous donnera des clés concrètes pour impliquer efficacement vos équipes.
