Dans un article pour le site Innovation Excellence, Greg Satell reprend les termes de Lou Gerstner : « La culture n’est pas un aspect du sujet. La culture est le sujet. Au final, une organisation n’est rien de plus que la capacité collective de ses membres à créer de la valeur. » Pour se transformer, une organisation doit donc partir de ses collaborateurs, en tant que collectif. C’est pourquoi Greg Satell prône une organisation en réseau, qui connecte les individus. Il explique que les modèles hiérarchiques traditionnels perdent un temps précieux à donner des ordres descendants, tandis que les organisations en réseau sont plus agiles, donc davantage capables de s’adapter à des marchés en mutation. Pour réussir à se transformer et à mettre en place une culture de l’innovation collaborative, les entreprises ont ainsi tout intérêt à connecter leurs collaborateurs.

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Une culture de l’innovation collaborative est avant tout une culture… de la collaboration

Il s’agit pour Greg Satell de revenir à une question récurrente dans les entreprises : comment rendre les collaborateurs plus innovants ? En posant cette question, il souligne que les entreprises semblent rechercher un idéal de collaborateur, « le nouveau Steve Jobs » : un collaborateur dynamique, créatif et déterminé. Mais la vérité, c’est que la culture de l’innovation n’est pas un sujet individuel. La mission des organisations est de créer une culture collaborative, où chacun se sentira intégré, légitime et motivé. Et une telle culture ne se construit pas sur un mode top-down. Au contraire, elle se construit avec ses membres.

Dépasser les frontières pour aller vers une culture de l’innovation collaborative

Dans son article, Greg Satell mentionne ensuite le travail du sociologue Mark Granovetter. Ce dernier constate que le monde professionnel est un petit monde. En effet, on y retrouve souvent des personnes que l’on connait et qui nous ressemblent. Elles fréquentent les mêmes lieux, aiment les mêmes choses. Or, pour accéder à de nouveaux savoirs, il est donc nécessaire d’aller au-delà pour accéder à de nouveaux cercles. En d’autres termes, de rencontrer de nouvelles personnes, appartenant à d’autres cercles.

L’entreprise est merveilleuse, car elle permet de créer ces nouvelles connections, faisant ainsi naître ceux que l’on appelle scientifiquement des « passeurs de frontières ». Ceux-ci créent des liens forts entre eux, autour de projets caritatifs, de valeurs de l’entreprise, de passions, etc. Et c’est grâce à ces nouvelles connexions au sein des organisations que l’information et la connaissance circulent.

L’intelligence collective est un moteur de transformation sur le long terme

L’article de Innovation Excellence cite Barry Libenson, CIO chez Experian : « La transformation digitale est en quelque sorte un abus de langage. Vous ne transformez pas la technologie, vous transformez les usages. Une culture d’entreprise qui connecte les individus permet de diffuser un certain enthousiasme autour de la transformation -ainsi qu’une expertise pour la mettre en place- beaucoup plus vite et en rencontrant beaucoup de moins de résistance. »

En fait, ce que dit Barry Libenson, c’est qu’avant de parler de technologie, nous parlons avant tout de culture et d’humains. La transformation doit s’appuyer sur l’humain. Elle doit même faire des collaborateurs les principaux acteurs du changement. Or, une culture d’entreprise collaborative permet d’identifier plus facilement des ambassadeurs du changement. Ce sont ces personnes qui vont porter le changement et embarquer les autres collaborateurs avec elles.

Greg Satell convoque, dans son article, plusieurs exemples concrets qui illustrent la nécessité de connecter les personnes pour mettre en place une culture de l’innovation collaborative, et réussir à se transformer. Ce n’est qu’en se concentrant sur sa culture d’entreprise qu’une organisation pourra faire face à tous les challenges qui l’attendent. Ce qui fait la compétitivité des entreprises à l’avenir sera bien son intelligence collective, et non plus la somme des performances individuelles.